Le développement des enfants est un processus complexe qui s’étale sur des années, de la naissance à l’âge adulte. Entre les deux, différentes phases se succèdent, interviennent à différents moments et durent plus ou moins longtemps en fonction de chaque enfant. Nos chers et tendres sont uniques et grandissent à leur rythme.
C’est un sujet qui revient très souvent lors de nos discussions entre mamans. Chez Blog Maman, les plus expérimentées partagent leur expérience avec les plus jeunes. On retrouve quand même beaucoup de points communs dans les différentes histoires.
Un des premiers paliers déterminants dans le développement d’un enfant se déclenche en général entre 12 et 36 mois, lorsque le bébé prend conscience de ses capacités d’autonomie tout en étant encore fortement dépendant de ses parents. Il est couramment appelé la période de crise du terrible two en anglais, ce qui se traduit maladroitement en français par « les deux ans terribles ».
C’est un phénomène auquel tous les parents font face à un moment donné, mais tous ne savent pas forcément quelle est la meilleure manière de gérer ces situations parfois délicates. Dans cet article, nous allons tenter de mettre les choses au clair, d’expliquer ce phénomène et de vous proposer des clefs pour permettre aux parents de gérer ces épisodes souvent riches en émotions.
Le Terrible Two, qu’est-ce que c’est ?
En comparaison de certains animaux, le développement des bébés humains est relativement long. Par exemple, chez certaines espèces les petits apprennent à marcher quelques heures seulement après leur naissance, alors qu’il faut souvent plus de 6 mois à un enfant pour ne serait-ce que pouvoir se tenir assis seul.
Le processus d’apprentissage de ce qui compose un homme ou une femme dans sa globalité est particulièrement long, tant notre nature est complexe. Une des caractéristiques essentielles d’un adulte en pleine possession de ses moyens est le fait qu’il s’affirme en tant que personne ; il est capable de dire oui, non, de faire des choix et de prendre des décisions en fonction d’un certain nombre de facteurs.
L’affirmation de soi
Étant dès la naissance totalement dépendant du soin de ses parents, le bébé doit acquérir ces facultés. Cela passe par un apprentissage, donc par une expérimentation et forcément quelques échecs. C’est cette phase d’affirmation, que l’on qualifie parfois de « première adolescence », qui est appelée le terrible two.
L’accompagnement de votre nounou ou assistante maternelle dans les choix mis en place sont très important lors de cette période un peu compliquée. Nous en parlions d’ailleurs dans notre article vous aidant à mieux comprendre comment bien choisir son assistante maternelle.
Petit à petit, le bébé prend conscience qu’il peut faire des choix, qu’il peut agir sur son environnement, qu’il peut accepter ou au contraire refuser ce qu’on lui propose. En somme, il fait l’expérience de sa personne, de son autonomie.
Tout n’est pas encore prêt
L’ennui, c’est que toutes ses fonctions cérébrales et émotionnelles ne sont pas encore développées, et il lui est encore difficile d’exprimer correctement ses besoins car sa maîtrise du langage est encore sommaire. Il ne peut pas toujours mettre des mots sur ses émotions ou sur ses besoins.
En résulte souvent une frustration qui s’exprime par des cris, des pleurs, des jets d’objets etc. De plus, bien qu’il voudrait être « grand », il est encore très dépendant vis-à-vis de ses parents et cela devient également la cause d’une frustration d’autant plus difficile à gérer qu’elle ne peut être clairement exprimée.
Quelles en sont les causes et manifestations ?
Cet état paradoxal oscillant entre autonomie et dépendance va se manifester par des réactions parfois violentes de l’enfant lorsqu’il va rencontrer des limites naturelles ou imposées, à ses ambitions.
La frustration comme déclencheur
En effet, alors qu’il verra ses capacités à courir, sauter ou manipuler des objets s’accroître, il va rencontrer des barrières que vont lui imposer ses parents afin de lui apprendre que tout ne peut pas se faire, que certaines actions sont même dangereuses, et d’autres interdites. La frustration ainsi engendrée sera exprimée sous forme de pleurs violents, de crises, de jets d’objets, parfois l’enfant va se jeter face contre terre etc.
Parallèlement, bien qu’il ait envie d’expérimenter sa propre indépendance, il aura probablement toujours envie d’avoir à ses côtés un adulte pour lui procurer uniquement le peu d’aide dont il a besoin. Mais si l’adulte ne parvient pas à fournir ce qu’on attend de lui, une crise risque de s’amorcer.
Les symptômes de crise
On peut distinguer un certain nombre de signes caractéristiques de terrible two. Bien entendu, chaque enfant est unique et pourra réagir différemment. Apprenez à vous adapter à votre petit prince ou petite princesse.
La frustration née d’un désir non satisfait
À partir d’un certain âge, l’enfant va vouloir exprimer des désirs de plus en plus complexes. Il n’aura plus simplement faim, il voudra boire dans le biberon bleu, par exemple. Mais s’il n’est pas en mesure d’effectuer sa demande et d’être compris par ses parents, il va se sentir frustré et en colère.
Le fameux « NON ! »
Un jour ou l’autre, le bébé découvre la puissance du « Non ! » et pour l’expérimenter, il va l’utiliser à toutes les sauces, même si cela n’a pas de sens, par exemple lorsque vous lui proposez du chocolat et qu’il adore ça.
La notion de propriété
Un autre concept que le nourrisson va apprendre vers deux ans est la notion de propriété, de ce qui est « à moi ». En conséquence, il va tester son nouveau « pouvoir » en insistant sur son droit de propriété envers certains objets, ou même certaines zones.
Les coups de pied, de poings, les morsures.
Une autre conséquence du fait qu’un enfant ne possède pas toujours les moyens logopédiques de s’exprimer et qu’il n’a pas encore le contrôle de toutes ses impulsions, il arrive qu’il se « lâche » physiquement.
Gérer efficacement les crises
Il est parfaitement possible de gérer ces crises, car elles font partie du processus normal d’apprentissage de la vie. Une fois que les causes neurologiques et biologiques ont été identifiées comme nous venons de le faire, nous sommes à même de comprendre un peu mieux ce qui se passe dans la tête d’un tout jeune enfant.
À ce moment de son développement, il se découvre lui-même et découvre le monde, nous devenons ainsi capables de l’aider dans son apprentissage.
La prévention
On ne prétendra pas prévenir toutes les crises, car elles existent pour une bonne raison, mais il est possible d’en atténuer l’intensité en agissant de manière proactive. Pour cela, il faut anticiper une réaction de frustration de l’enfant.
Admettons que votre fille soit en train de jouer au parc et que l’heure de rentrer approche. Il vaut mieux la prévenir, 15 minutes à l’avance, qu’il faudra bientôt aller partir, puis encore une fois 5 minutes avant, puis une dernière fois 1 minute avant de l’installer dans son porte-bébé pour rentrer à la maison. Ainsi, elle se sera préparée psychologiquement à cet événement et ne sera pas surprise, et donc moins encline à la frustration.
Exprimer pour lui ce qu’il ne sait pas vous dire
On n’arrivera pas tout le temps à prévenir les crises, et elles arriveront de temps en temps, ne nous voilons pas la face. Bien que cela soit plus facile à dire qu’à faire, il faut s’efforcer, dans la mesure du possible, de ne pas s’énerver.
Une approche particulièrement efficace consiste à lui parler et mettre des mots sur ses émotions : « Je vois que tu es énervée, Léa, tu es toute rouge et tu es fâchée parce que tu n’as pas le droit de monter sur la table, et je te comprends ». Cela va l’aider grandement à apprendre à exprimer sa colère avec des mots, plutôt qu’avec des réactions physiques.
Réprimer avec consistance
Il arrive parfois qu’on soit obligé de « sévir » et utiliser les méthodes de punitions habituelles comme le fameux « privé de dessert » ou l’isolement pour quelques minutes. L’important dans ces cas-là est d’être consistant. L’enfant doit ici apprendre ses limites.
Et comme il est très intelligent, il va vite comprendre que si une action de sa part mène systématiquement à une conséquence négative pour lui (il perd son dessert à chaque fois qu’il frappe du poing sur la table), il est inutile de recommencer cette action.
Distraire l’attention
L’ignorance est aussi un bon moyen de faire comprendre au nourrisson que son attitude est inutile. Dans ce cas, détournez-vous de lui, et commencez une activité différente. Il y a fort à parier qu’il viendra naturellement vers vous et oubliera vite sa petite frustration.
Terrible two, on en retient quoi ?
À la lumière de nos recherches, nous remarquons que les fameuses étapes du terrible two ne sont qu’une manifestation parfaitement compréhensible de facteurs agissants de manière parfois contradictoire dans la vie d’un enfant : ses désirs et son besoin d’autonomie s’intensifiant et son immaturité à les exprimer, comme son ignorance de limites ne sont pas toujours franchissable.
C’est une période durant laquelle l’enfant va apprendre énormément et à très grande vitesse, et c’est sur la base de ses expériences à ce moment-là qu’il va construire une part significative de sa personnalité. Il s’agit donc d’une phase importante de son développement.
Elle va nécessiter, comme tous les autres moments de son apprentissage, une implication constante de ses parents afin que ses capacités émotionnelles et mentales puissent évoluer de concert avec ses aptitudes physiques.
Nous espérons que nous avons pu apporter quelques pistes à travers cet article, et que les parents qui vont affronter cette épreuve ou qui sont en plein dedans auront trouvé ici certaines clefs. On le dit souvent chez Blog Maman, chaque enfant est unique, chaque famille l’est tout autant et l’instinct paternel et maternel fait que les parents savent souvent, au fond d’eux, ce qui est bon pour leur enfant.